Les détentions de 4 sahraouis font obstacle au travail de De Mistura

Equipe Média, le 08/09/2023
Dakhla, Sahara occidental occupé

Les forces d’occupation marocaines ont arrêté quatre sahraouis, le 7 septembre 2023, alors qu’ils se rendaient à une réunion avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura.

Ils ont été arrêtés à midi devant l’hôtel Bavaro Beach à Dakhla, et emmenés au poste de police de Dakhla. Ils ont été libérés le soir, à 19h30, heure d’El Aaiun occupée.

Les quatre détenus :

Ennaama Aghrichi est le frère d’un commerçant sahraoui, Lahbib Aghrichi, séquestré le 7 février 2022 et toujours disparu. Dans le rapport envoyé par la famille au Comité sur les disparitions forcées des Nations Unies, elle donne des informations qui permettraient de déduire la connivence de la police marocaine dans l’enlèvement.

Ennama Aghrichi voulait remettre le rapport à Mr. De Mistura.

Ennaama Aghrichi exprime le désarroi de sa famille face au manque de clarté entourant la disparition de son frère. Malgré les sit-ins pacifiques organisés devant leur domicile, aucune autorité ne semble disposée à confirmer officiellement le décès de Lahbib Aghrichi. La famille exprime ainsi des doutes quant à la version officielle des faits et réclame que la lumière soit faite sur cette situation troublante.

Trois militants pour l’auto-détermination et les droits humains

Rachid Sghayer, Hassan Zerouali et Hamdi Greimich tenaient à informer M. De Mistura sur la situation de répression et d’absence de droits au Sahara occidental occupé. Aussi sur le pillage systématique des ressources naturelles.

Rachid Sghayer, une figure de proue du mouvement sahraoui pour l’autodétermination, un activiste sahraoui de longue date, connu pour son courage et son engagement sans faille.

En 2009, M. Sghayer fut arrêté à Casablanca avec un groupe de défenseurs des droits humains sahraouis -le groupe des 7- alors qu’ils revenaient d’une visite aux camps de réfugiés sahraouis. Il a été emprisonné pendant plusieurs mois sans procès.

Il a été arrêté à plusieurs reprises par les forces d’occupation marocaines.

Le 17 juillet 2023, il a été victime d’une tentative d’assassinat par des colons marocains.

En 2022, son frère, Mohamed Sghayer, a été enlevé par les forces d’occupation marocaines. Son sort reste inconnu.

Hassan Zerouali est un militant parmi les chômeurs sahraouis. Il travaillait en tant que gardien dans le projet de construction du port de Dakhla Atlantique, mais il a été licencié en raison de son activisme syndical et de son incitation aux chômeurs à protester contre l’État d’occupation marocain, pour garantir leur droit au travail et bénéficier des revenus des ressources naturelles de leur pays.

Hamdi Grimich est un jeune militant des droits de l’homme et membre du CODESA. Son militantisme lui a valu un an de prison.

Les raisons des arrestations

Les autorités marocaines n’ont pas donné d’explication aux arrestations. Il est évident qu’ils ont voulu entacher la visite de M. De Mistura, ne lui permettant pas de maintenir ses réunions librement et le privant d’informations précieuses pour son enquête.

Est-ce que Mr. De Mistura a été informé de ces détentions stratégiques ? Cette action effrontée des forces d’occupation marocaines constitue une offense aux fonctions de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, ainsi qu’une nouvelle preuve de la répression exercée par les autorités marocaines sur le peuple sahraoui.

Conséquences

Les Nations Unies et la communauté internationale doivent condamner ces arrestations, qui ont interféré l’action des Nations Unies, et appuyer les efforts de M. De Mistura.

Actualités juillet-août 2023

26 juillet – Lancement d’une campagne médiatique pour la libération des prisonniers politiques sahraouis

Equipe Media, un collectif de journalistes sahraouis basé dans la ville occupée de Laâyoune (Sahara occidental), a lancé « une campagne médiatique pour exiger la libération des prisonniers politiques sahraouis, notamment ceux du groupe Gdeim Izik, et faire la lumière sur les injustices qu’ils continuent de subir dans les geôles marocaines. La campagne sera menée sur diverses plateformes, notamment les réseaux sociaux et le site web d’Equipe Media. Le collectif appelle aussi les instances internationales, les gouvernements et toute personne concernée par les droits de l’Homme à envoyer des lettres et des courriels aux autorités d’occupation marocaines, les exhortant et pressant à libérer les prisonniers et à mettre fin à cette injustice de longue date. » (Source La Nouvelle République – Algérie)

 

Début août, le Comité des Nations unies contre la Torture (CAT) publie sa décision du 2 février 2023 concernant Mohamed BANI et demande au Maroc de répondre aux allégations de torture et mauvais traitements.

Pour mémoire, c’est la 5ème décision du CAT concernant un prisonnier du groupe de Gdeim Izik et dans ce dernier document le Comité  » note le caractère systémique de ces affaires concernant les évènements survenus le 8 novembre 2010 dans le camp de Gdeim Izik ». (CAT/C/75/D/999/2020 – §7.11). 

 

2  août

La Diaspora sahraouie en France, préoccupée par la situation alarmante des Prisonniers politiques du groupe Gdeim Izik,  appelle   » L’Assemblée générale des Nations Unies, Le Comité des Nations Unies contre la Torture (CAT), le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres, le Conseil de sécurité des Nations Unies, à exhorter le Maroc à respecter la convention contre la torture ainsi que son protocole additionnel et qu’au vu de la durée de détention arbitraire encourue, de l’absence de procédure régulière et des souffrances auxquelles le groupe Gdeim Izik a été exposé, ces prisonniers politiques soient libérés.

 

9 août – 18 août – Grève de la faim de Mohamed Lamine Haddi

Dès l’annonce de cette grève,  La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines ( LPPS)  lance une alerte «  Sauvez la vie de Mohamed Lamine Haddi », message envoyé à l’Union africaine, à chacun des « amis du Sahara occidental » – la France, le Royaume Uni, l’Espagne, la Russie et les Etats-Unis d’Amérique -, à l’Allemagne, aux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies et à diverses organisations de défense des droits de l’homme.

En effet, la santé de Mohamed Lamine Haddi inspire de très vives inquiétudes : complications suite à deux très longues grèves de la faim (plus de 2 mois) sans suivi médical, refus de soins nécessités par une très douloureuse infection (séquelle des tortures lors de son arrestation), sans compter les mauvais traitements récurrents, isolement et harcèlements….

Au bout de neuf jours, Mohamed Lamine Haddi interrompt sa grève de la faim suite aux engagements de l’administration pénitentiaire : transfert à l’hôpital pour enfin établir un diagnostic (aucune visite médicale depuis le 16 septembre 2017), transfert dans une prison plus proche de son domicile, cessation de toute forme de traitement cruel et de discrimination raciale de la part du personnel pénitentiaire.

Dans un courrier du 31 août, la LPPS fait savoir que  » le pus a été nettoyé. Mais Mohamed L. Haddi ne dispose d’aucun diagnostic médical ni d’aucun traitement. Il a toujours un terrible mal de tête. Il a de la fièvre. Il ne peut pas dormir. L’administration pénitentiaire n’a pas tenu ses promesses et continue de laisser sa maladie le consumer. Il n’a pas non plus été transféré. »

 

30 août

Le  Comité National Sahraoui des Droits de l’Homme (CONASADH) rappelle que  » Le monde commémore le 30 août la Journée Internationale des Disparitions Forcées en solidarité avec les personnes enlevées par la force et leur famille, pour exiger la révélation de leur sort, et exiger le respect des conditions des conventions et accords internationaux traitant des droits de l’homme, en particulier la Convention Internationale pour la Protection de Toutes les Personnes contre la Disparition Forcée « .

Dans sa déclaration, le CONASADH « appelle le Comité international de la Croix-Rouge à assumer ses responsabilités dans le cadre de ses mandats légaux en faisant pression sur l’État marocain pour qu’il respecte les droits de l’homme, qu’il libère immédiatement et sans condition tous les détenus politiques sahraouis, qu’il révèle le sort de plus de 500 Sahraouis disparus et qu’il ouvre le territoire occupé de la République sahraouie aux médias, aux observateurs internationaux, aux personnalités et aux délégations parlementaires internationales ».

Crédit photo. couverture – Mohamed Lamine Haddi – Source SPS

Actualités  mars – juin 2023

Les conditions de vie des prisonniers sahraouis sont extrêmement dégradées, et les alertes se succèdent pour informer et sensibiliser le public.

Le 14 mars, dans un entretien accordé à APS en Algérie, « Claude Mangin, a exprimé ses craintes quant à l’état de santé des prisonniers sahraouis dans les geôles du colonisateur marocain, où ils sont « maltraités de manière systématique ».

Le 18 mars, La Commission nationale sahraouie des droits de l’Homme (CONASADH) se félicite de la publication de la décision du Comité des Nations unies contre la torture (CAT) sur le cas du prisonnier politique sahraoui, Abdel Jalil Laaroussi, confirmant qu’il est « victime de torture et de mauvais traitements » de la part des agents de l’occupant marocain. Lire plus

NOUVELLE CONDAMNATION DU MAROC PAR LE COMITE CONTRE LA TORTURE DES NATIONS UNIES (CAT)

Le CAT, dans sa décision du 3 février 2023 (CAT/C/75/D/999/2020), rendue publique début août, détaille le cas de Mohamed BANI, prisonnier politique du Groupe de Gdeim Izik, condamné à la prison à vie après des aveux sous la torture. Il évoque également les mauvaises conditions de sa détention et l’absence de soins médicaux. Dans sa décision, le CAT souligne :  » Enfin, le Comité note le caractère systémique de ces affaires concernant les événements survenus le 8 novembre 2010 dans le camp de Gdeim Izik ». Mohamed BANI ne peut recevoir la visite de son avocate.

 

HOMMAGE À MICHÈLE JOLY 

L’engagement de Michèle en faveur des prisonniers politiques sahraouis nous invite à donner la parole à leur association qui exprimera le mieux nos condoléances et notre tristesse à tous.
L’association des Amis de la RASD.

« C’est avec une très grande tristesse que nous avons appris le décès de notre fidèle amie la défenseuse française des droits de l’homme et membre de l’Association des Amis de la République Arabie Sahraouie Démocratique (AARASD), militante en faveur du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, Madame Michèle Joly.

En ces moments difficiles nous tenons au sein de la ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS) à faire part de nos plus sincères condoléances que nous partageons avec toute sa famille, proches, compatriotes et ses ami-e-s au sein de l’AARASD.

Madame Michèle Joly est une personne qui a consacré sa vie non seulement au soutien et à la solidarité avec le peuple sahraoui mais aussi pour la libération des prisonniers politiques sahraouis incarcérés injustement dans les prisons marocaines.

Même si notre tristesse est immense à l’annonce de la disparition de Madame Michèle Joly, nous continuerons à penser à elle avec une grande émotion. Tous les bons moments que nous avons passés ensemble, les discussions sans fin et les expériences partagées, resteront gravés dans notre mémoire comme de purs instants d’amitié et de lutte. Nous sommes là pour continuer ce chemin de lutte avec l’AARASD, avec l’amitié comme ligne directrice.

Que dieu la bénisse dans son paradis »

La ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines
Lundi 26 juin 2023
El Aaiun occupée / Sahara occidental


Légende de la photo – Michèle Joly aux côtés d’une militante sahraouie présente à la fête des associations sahraouies d’Ile de France ce 11 mars 2023 dans une salle municipale des Mureaux. Sans doute sa dernière sortie solidaire parmi ses amies et amis.

DIS-LEUR QUE J’EXISTE, UNE HISTOIRE SAHRAOUIE

À partir de l’histoire de Naâma Asfari, prisonnier politique sahraoui du groupe  de Gdeim Izik, condamné 30 ans de prison, ce documentaire retrace la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et la quête de justice pour obtenir leur libération et la condamnation du Maroc pour tortures sur les militants pour l’indépendance sahraouie .

Il est maintenant en accès  libre et gratuit à partir du lien suivant :   https://vimeo.com/showcase/disleurquejexistelefilm

Merci à la réalisation et à la production pour cette mise à disposition du plus grand nombre.

Nous espérons avec eux que « la gratuité et l’accès libre donnera un nouveau souffle à la voix de Naâma ».

ENTRETIEN AVEC YAHYA MOHAMED EL HAFEF IAAZA, libéré le 1er mars 2023 après 15 ans de prison.

Le combattant sahraoui pour l’autodétermination Yahya Mohamed El Hafed Iaaza fut arrêté et injustement condamné à 15 ans de prison par le Maroc. Le 1er mars 2023, il a été libéré après avoir purgé la totalité de sa peine. La communauté sahraouie lui a réservé un magnifique accueil à Tan Tan, avec de nombreux invités. Puis vinrent les représailles marocaines contre certains participants.

Malgré 15 ans de souffrance, Yahya n’a pas perdu une once de moral et de courage. Dans ses déclarations à Equipe Media -reproduites en vidéo-, il continue de revendiquer la résistance jusqu’au bout, et se réjouit qu’elle soit assurée dans la génération suivante, en faisant référence à son fils.

Il parle des valeurs qui lui ont été inculquées depuis son enfance. Il n’a jamais faibli face aux Marocains.

Il parle des accusations absurdes portées contre lui, et de ses grèves de la faim pour les faire retirer, réussissant au moins, grâce à la pression d’organisations internationales, à lever l’accusation d’espionnage pour des parties étrangères -le Polisario-, laissant en vigueur les accusations de crimes de droit commun, également fausses. Lire plus

Situation des 3 grévistes de la faim

Suite à la grève de la faim entamée le 20 février dernier, à la prison d’Aït Melloul, par ABDMULAY MOHAMED dit El HAFED,  MOHAMED SALEH BUJAMA dit DADA, et EL HASSIN BACHIR BRAHIM dit EL MADUR, la Communauté sahraouie en France a organisé le 18 mars un rassemblement au Trocadéro : « Sauvons la vie des Prisonniers Politiques Sahraouis en danger dans les prisons marocaines« .

Abdmulay El Hafed  et Mohamed Dada ont suspendu leur grève de la faim les premiers après avoir reçu des promesses de l’administration pénitentiaire locale.

Mohamed Dada a été transféré à la prison de Tan Tan, plus proche de sa famille.

En revanche, les deux autres prisonniers, Abdmulay El Hafed et El Hassin Bachir dit El Madur ont été transférés dans une prison (Safi) encore plus éloignée de leurs familles. Lire plus

3 étudiants et prisonniers sahraouis sont en grève de la faim illimitée depuis 20 février 2023

Communiqué de presse du CODESA

Depuis le 20 février 2023, 3 étudiants et prisonniers politiques sahraouis sont en grève de la faim ouverte à la prison locale, Ait Melloul / Maroc, après plus de 7 ans d’emprisonnement politique pour les deux prisonniers politiques sahraouis, « Abdelmoula Al Hafidi«  et « Mohamed Saleh Boujemaa Dada« , et plus de 4 ans pour le prisonnier politique sahraoui, « Al-Hussein Al-Bashir Ibrahim Amaâdour« . Lire plus

Actualités des prisonniers politiques sahraouis – Février 2023

3/02/2023 – Les prisonniers politiques sahraouis (Groupe de Gdeim Izik) dans la prison locale de Aït Melloul 2 sont soumis à des harcèlements ciblés.

La Ligue pour la Protection des Prisonniers Politiques Sahraouis au Maroc (LPPS) a reçu cette semaine plusieurs témoignages venant des familles de prisonniers sahraouis détenus dans la prison locale de Aït Melloul 2. Ils concernent  Brahim Ismaili, Mohamed Bani et Ahmed Lemgaimad qui ont été la cible de harcèlements de la part du directeur de la prison et autres autorités marocaines.

Les familles ont exprimé leur profonde inquiétude quant à cette situation, qui s’est particulièrement intensifiée après que les prisonniers politiques sahraouis du Groupe de Gdeim Izik aient déposé plusieurs plaintes sur leurs conditions de détention et les traitements humiliants et abusifs auxquels ils sont soumis.

LPPS ajoute que les détenus ont porté plainte auprès du Parquet marocain contre le directeur de la prison , Saeed (Safiq), et quatre de ses employés (Akmetich Elhoussien – Mastik Mohamed -Lahiya Aziz et Younes Lglaoui) pour enquêter sur les insultes et les incitations contre eux par les autorités, et après une visite du soi-disant agent général adjoint du roi. Ce dernier a promis d’ouvrir une enquête supervisée par la Gendarmerie Royale Marocaine, qui a visité la prison locale de Aït Melloul 2 le 20 janvier 2023 pour commencer les procédures liées à l’enquête et les auditions des prisonniers du Groupe de Gdeim Izik.

Les familles confirment que les prisonniers politiques sahraouis sont maintenant sous la menace constante du directeur de la prison locale de Aït Melloul 2. Le lundi 30 janvier 2023, celui-ci les a menacés de transferts vers d’autres prisons où ils seraient mêlés aux plus grands criminels dangereux, en plus d’être privés de leurs droits les plus fondamentaux et légitimes.

6/02/2023 – Hassan Mohamed Radi Dah a annoncé son intention d’observer une grève de la faim d’avertissement de 48h.

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