Actualité de la prison Tiflet 2 – Des nouvelles préoccupantes

Les prisonniers politiques Sahraouis maintenus dans un isolement total prolongé

Les 4 prisonniers de Gdeim Izik détenus dans la prison de Tiflet 2 sont tenus en isolement prolongé ; certains d’entre eux n’ont plus accès aux livres alors qu’ils doivent passer des examens universitaires, et ils n’ont plus de réels contacts humains.

Les 4 prisonniers politiques ont été placés dans différentes unités de détention de la prison ; ils ne se voient jamais ni n’ont de contact les uns avec les autres.

Mr El Bachir Khadda est dans cette sPrisonnier politiqueituation depuis plus de 9 mois (285 jours), depuis son transfert à Tiflet 2 le 16 septembre 2017 ; il n’a ni livres, ni radio, ni télévision. Il passe 22 heures à l’isolement total dans sa cellule, mais même lors des 2 heures de promenade qui lui sont accordées, il préfère rester dans sa cellule à cause de harcèlements continus de la part des criminels de droit commun, comportements encouragés par les gardiens. Quand les autres prisonniers essaient cependant d’engager une conversation normale avec lui, les gardiens les punissent.

Prisonnier PolitiqueMr Mohamed Lamin Haddi a été transféré à Tiflet le même jour que Mr Khadda ; il est aussi à l’isolement complet 23 heures par jour depuis 285 jours. Il n’a ni livres, ni télévision, et la radio qu’il possède ne fonctionne plus car l’administration pénitentiaire refuse qu’il achète de nouvelles piles.

Mr Khadda et Mr Haddi passent des examens universitaires cette semaine qu’ils n’ont pas pu préparer à cause de l’interdiction qui leur a été faite de disposer du matériel nécessaire.

Prisonnier PolitiqueMr Mohamed Bourial est également maintenu en isolement et passe 22 heures par jour dans sa cellule ; en ce qui le concerne, il est dans une unité avec des détenus souffrant de différentes maladies. Bourial a accès aux livres, mais pas à la radio ni à la télévision. Hier il a été attaqué au couteau dans la cour par un détenu souffrant de troubles psychologiques

Prisonnier PolitiqueMr Sidi Abdallah Abbahah est en isolement depuis son transfert le 7 mai dernier (52 jours) comme Mr Bourial. Il passe 22 heures par jour dans sa cellule, il a une télévision mais qui ne fonctionne que quand il y a l’électricité dans sa cellule. Il n’a ni livres ni radio.

L’isolement total prolongé est une forme de torture, interdite par l’Ensemble de Règles Minima des Nations Unies (Règlementation Mandela) et par de nombreuses autres conventions ; c’est même également contraire à la Loi marocaine (Loi 23-98 qui réglemente l’organisation et l’administration pénitentiaires)

Les effets physiques et psychologiques d’un isolement prolongé sont bien documentés par les recherches médicales ; parmi d’autres effets, on relève : palpitations cardiaques (sensation de forts et/ou rapides battements de cœur au repos), hyper-sudation, insomnies, douleurs au dos et aux articulations, baisse de l’acuité visuelle, manque d’appétit, perte de poids et parfois des diarrhées, anxiété, dépression, colère, troubles cognitifs, altération de la perception, paranoïa et psychoses.

Contactée par porunsaharalibre, Maître Olfa Ouled, avocate des prisonniers politiques de Gdeim Izik, nous a confié « j’ai envoyé plusieurs fax aux autorités marocaines sur la situation de tous les prisonniers du groupe de Gdeim Izik pour demander instamment au pouvoir judiciaire de réagir, mais elles ne répondent pas. Il n’y a pas de raison juridique à leur isolation, l’isolation continue est illégale et détériore clairement l’état de santé de mes clients, mettant leur vie en danger »

La plupart des prisonniers politiques Sahraouis sont soumis à un isolement prolongé non comme punition pour des infractions au règlement, mais comme technique pour les briser moralement et provoquer encore plus de souffrances psychologiques aux prisonniers et leurs familles

Tous les prisonniers politiques Sahraouis ont été transférés par la force d’occupation (le Maroc) du Sahara occidental au Royaume du Maroc, une violation évidente du droit humanitaire international. Cette situation provoque de grandes difficultés aux familles pour les visites ; elles doivent dépenser des sommes considérables pour voyager et se loger près des prisons, et il est fréquent qu’à leur arrivée le droit de visite leur soit arbitrairement refusé par les directeurs de prison, obligeant ainsi les familles à rester plusieurs semaines sur place jusqu’à l’obtention de ce droit.

Depuis la dispersion des 19 détenus du groupe de Gdeim Izik dans plusieurs prisons à travers le Maroc, la circulation des informations sur l’évolution de leur situation s’est considérablement dégradée ; il devient de plus en plus difficile de surveiller l’état de leur détention et de leur santé, une stratégie évidente des autorités marocaines qui ont pour but de mettre sous silence tout ce qui touche à cette question.

Le groupe de Gdeim Izik reste dans l’attente d’une décision de la Cour Suprême à propos de leur dernier procès durant lequel les questions posées par la Cour Suprême concernant le procès militaire de 2013 sont restées sans réponses selon les observateurs internationaux, à savoir la présentation de preuves valables et crédibles à part les documents produits par la police qui ont été signés par les prisonniers politiques Sahraouis sous la torture ou de graves mauvais traitements, sans en connaitre les contenus pour la plupart.

 

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