19 juillet 2017, 6h du matin, la Cour d’Appel de Rabat rend son verdict : vingt des vingt-quatre prisonniers sahraouis du groupe dit de Gdeim Izik, sont condamnés aux mêmes peines de prison que celles données en 2013 : 25 ans à la prison à perpétuité.
Au terme de 6 mois d’audiences, de reports en reports, de décembre 2016 à juillet 2017, une Cour civile a rendu en appel les mêmes condamnations que ce tribunal militaire qui en 2013, avait tenté, en condamnant à charge les principaux leaders du camp de la liberté de Gdeim izik, (octobre-novembre 2010) de faire disparaître toute forme de contestation en faveur de l’autodétermination et de l’indépendance, au Sahara occidental occupé.
Ce verdict signifie que la justice civile ne tient pas compte de l’arrêt de la Cour de cassation, justifiant du recours à un appel devant une Cour civile, de l’arrêt du Comité spécial contre la torture indiquant que les condamnations des militants sahraouis, Naama Asfari en particulier, se fondaient sur des aveux obtenus sous la torture, des nombreuses adresses formulées par les associations des droits de l’homme appelant la justice civile marocaine à mettre en œuvre un procès équitable conformément à ce qu’elle prétend être, une justice dans un Etat de droit.
Ce verdict signifie qu’une justice civile indépendante ne peut exister au Maroc tant que le roi n’aura pas admis que son royaume est la puissance occupante d’un territoire, le Sahara occidental, qui n’a pas été décolonisé. Au contraire, au nom de cette soi-disant intégrité territoriale, le Makhzen depuis 42 ans enferme l’ensemble de sa population et toutes ses institutions dans un mensonge ne servant qu’à protéger son trône et à maintenir un régime autoritaire.
Ce verdict se retrouve dans le quotidien du Sahara occupé. Contrôle, répression, chantage à l’emploi ou aux études, sentiment latent d’insécurité. Il se retrouve aussi dans les expulsions d’observateurs, d’élus soupçonnés de soutenir le Front Polisario. Comment alors concevoir que ce peuple qui a mené la guerre, accepté l’exil et l’occupation depuis plus de 40 ans, fasse confiance à un tel régime ? La France, de son côté n’est-elle pas persuadée que tout peut se régler avec « un peu de bonne volonté » sans passer par l’application du droit de la décolonisation et se garde bien de reconnaître que cette justice en défaut est liée à l’occupation du Sahara occidental.
Au long de ces six longs mois d’audience, le groupe des prisonniers sahraouis a maintenu une remarquable unité, en dépit des pressions de toutes sortes pour le diviser. Il a pu démasquer dès la 18éme audience, cette justice aux ordres, en refusant tous ensemble d’assister à ce procès devenu mascarade. Avec l’annonce d’un verdict fait au petit matin, les autorités judiciaires mais surtout politiques marocaines voulaient sans doute éviter l’embrasement du Sahara occidental occupé. Car ce verdict va être pour l’ensemble des Sahraouis, à la fois très douloureux et va signifier qu’aucune tolérance n’est possible avec le Mahkzen.
Quels moyens vont-ils utiliser ? Nous serons comme toutes ces années à leurs côtés pour avec eux dire à notre pays, à la Communauté internationale, à l’Europe que seule l’application de l’autodétermination permettra de régler honorablement ce conflit.